On parle de pollakiurie lorsque vous avez une envie d’uriner plus souvent que la normale, soit plus de 7 fois par jour et/ou la nuit, ou uniquement la nuit. Or, le volume du liquide que vous évacuez est faible. Dans les détails, à chaque miction votre volume d’urine diminue (dans la plupart des cas moins de 100 ml, ce qui est l’équivalent d’un verre d’eau), tandis que la quantité produite en une journée reste la même qu’à la normale. Dans les pires des cas, une personne qui souffre de pollakiurie peut avoir envie d’uriner tous les quarts d’heures.
Ce phénomène, fortement désagréable, peut s’accompagner d’autres symptômes, comme :
- Des brulures urinaires
- des fuites urinaires, appelées incontinence urinaire
- des mictions impérieuses, qui se caractérisent par des envies pressantes
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La pollakiurie et miction classique : les différences
Afin de pouvoir cerner ce qu’est la pollakiurie, il convient de définir ce qu’est une miction normale.
Le besoin d’uriner est normal à tout être humain. Il apparait lors de l’augmentation de la pression dans la vessie, phénomène activé par le fait qu’elle se remplit d’urine. La miction permet ainsi d’éliminer un volume du liquide qui correspond au contenu d’un bol moyen, soit environ 350 ml.
D’ailleurs, la miction a pour but de vider complètement la vessie. Pour ce faire, ce phénomène dure quelques secondes seulement.
La miction normale est complète, indolore et volontaire, qui se déroule uniquement dans la journée, environ toutes les 3 à 4 heures.
Ainsi, après la miction, la vessie est complètement vide, ce qui signifie que son action est complète.
Il convient toutefois de préciser qu’à partir de la soixantaine, le fait d’aller aux toilettes une fois par nuit est désormais considéré comme normal.
Distinguer la pollakiurie des autres troubles de la vessie
La pollakiurie peut être confondue avec d’autres troubles urinaires. Il est donc important de bien faire le distinction afin de ne pas faire d’erreur.
La pollakiurie et la dysurie
Certes ces deux phénomènes sont presque similaires du fait qu’ils se caractérisent tous par un trouble de la vessie. Par contre, une personne qui souffre de dysurie a du mal à uriner, et doit déployer beaucoup d’efforts dans la poussée. En outre, on observe une diminution de force en ce qui concerne le jet d’urine.
La pollakiurie et la polyurie
Des termes presque similaires, on pourrait facilement se perdre dans la distinction de la pollakiurie et la polyurie. Par ailleurs, les symptômes sont différents.
La polyurie cause :
- une quantité d’urine à évacuer normale à chaque miction, soit entre 300 et 350 ml
- la quantité émise en 24 heures est trop importante, soit à plus de 3 litres
La polyurie touche principalement :
- les diabétiques de type 1
- les sujets atteints par des maladies rénales chroniques
- les personnes qui ont pris des médicaments diurétiques
- les personnes une quantité trop importante de liquide, comme ce qui est le cas d’une personne atteint de potomanie, ou le besoin irrésistible de boire
- les grands fervents de café, de thé ou d’alcool.
En effet ces boissons en plus d’avoir un effet diurétique ont une action irritante sur le plan vésical. Si vous faites partie de ceux qui souffrent de pollakiurie, réduisez la consommation de ces boissons et vous verrez que le mal sera apaisé. Pour en savoir plus sur ce sujet vous pouvez consulter l’excellent dossier réalisé par l’association Française d’urologie.
Les 3 différentes formes de pollakiurie
La pollakiurie se décline sous trois types qui sont :
- La pollakiurie diurne
- La pollakiurie nocturne
- La pollakiurie mixte
Pollakiurie diurne
La pollakiurie diurne survient essentiellement dans la journée. Cette envie pressante est causée par une irritation d’un organe dans le système urinaire.
On dit qu’une personne souffre d’une pollakiurie diurne, lorsqu’elle présente les symptômes suivants :
- Ses mictions sont rapprochées d’au moins 2 heures entre 2 envies successives d’aller aux toilettes
- Lorsqu’elle va aux toilettes au moins 7 fois dans la journée
Ces irritations sont principalement causée par :
- Une inflammation de la vessie, également appelée cystite ou infection urinaire
- Une inflammation de la prostate, surnommé hypertrophie bénigne de la prostate
Pollakiurie nocturne et mixte
La pollakiurie nocturne, quant à elle, se distingue par le fait que le patient doive se lever au moins une fois la nuit, pour aller aux toilettes. Particulièrement gênante, la pollakiurie nocturne se quantifie en comptant le nombre de fois où la personne se lève pour uriner. Comme son nom l’indique, les personnes qui souffrent de la pollakiurie mixte ont à la fois une envie fréquente d’uriner, tant le jour que la nuit.
Les causes de la pollakiurie
Chez un sujet masculin, d’autres causes peuvent survenir dont le plus à craindre est le cancer de la prostate.
Dans les détails, voici les causes les plus fréquentes de la pollakiurie :
- Une atteinte musculaire, de tissus ou nerveuse
- Une atteinte vésicale, à cause d’une blessure, d’une infection ou d’une irritation
- Une prise de drogues ou de boissons qui augmentent la production d’urine
Les causes anatomiques
L’origine de la pollakiurie peut être anatomique. Découvrons les différentes caractéristiques des causes anatomiques.
Une maladie d’un des organes de l’appareil urinaire
La maladie d’un des organes du système urinaire, comme les reins, la vessie ou les uretères, peut être à l’origine de la pollakiurie. Rappelons que le système urinaire est composé par les reins, les uretères (vaisseaux reliant les reins à la vessie), l’urètre (canal d’évacuation de l’urine de la vessie vers l’extérieur du corps) et la vessie.
On en recense plusieurs, comme :
- La pyélonéphrite
- Une cystite aigüe
- Un cancer de la vessie: qui se caractérise par la réduction de la capacité de la vessie, suite à une ablation partielle, une radiothérapie pelvienne ou une chimiothérapie endovésicale, qui sont des traitements contre le cancer
- La présence d’un corps étrange dans l’appareil urinaire
- La petite taille de la vessie
- Une vessie neurologique qui est un dysfonctionnement en relation avec une atteinte au système nerveux du patient (maladie de Parkinson, sclérose en plaques, AVC ou accident vasculaire cérébral).
Une hyperactivité de la vessie
Parfois, la pollakiurie est le résultat d’une hyperactivité vésicale. Ce phénomène est le résultat d’une contraction musculaire de la vessie, dont la cause est inconnue.
Les personnes ayant plus de 40 ans, surtout les femmes, sont les plus touchées par cette maladie.
Les patients qui en sont atteints souffrent de déséquilibres psychologiques importants. De toute évidence, le fait de vouloir uriner tout le temps présente un inconfort et peut chambouler les activités du quotidien de chacun.
Une maladie de la prostate
Cette cause est exclusivement réservée aux patients masculins. En effet, la pollakiurie peut être causée par plusieurs troubles de la prostate, comme :
- Un cancer de la prostate
- Un adénome
- Une infection de la prostate, appelée prostatite
Un problème au niveau de l’urètre
Une envie trop fréquente d’aller aux toilettes, comme la pollakiurie, est souvent liée à une pathologie au niveau de l’urètre :
- Soit l’urètre est bloqué, par un calcul enclavé
- Soit le patient souffre d’un rétrécissement de l’urètre, à cause d’une tumeur ou d’une infection …
Un maladie d’un organe autour de la vessie
Il arrive que la pollakiurie soit causée par un organe voisin de la vessie infectée :
- Une vaginite
- Une salpingite
- Une tumeur pelvienne
- Une infection du péritoine ou péritonite
- Une inflammation de la partie arrière du colon ou sigmoïdite
- Un prolapsus génital
Les causes fonctionnelles
D’autres facteurs peuvent être à l’origine d’une pollakiurie, notamment :
- Un problème au niveau psychique
- La grossesse
Les facteurs psychiques
Il se peut que la cause de la pollakiurie soit au niveau psychique. D’ailleurs, ce phénomène, appelé pollakiurie psychogène, survient dans plusieurs cas :
- Une émotion, qui provoque un besoin d’uriner uniquement dans la journée
- La pollakiurie réflexe, qui se présente comme étant le fait de prendre trop ses précautions pour aller aux toilettes. En effet, il nous arrive d’avoir peur d’aller uriner, surtout pour les personnes souffrant d’incontinence urinaire ou parce que les toilettes ne sont pas accessibles (difficile d’accès).
- Vous êtes trop anxieux
La pollakiurie chez la femme enceinte
La période de la grossesse est une période de changement dans le corps de la femme. La pollakiurie est très fréquente durant cette période, et survient même dès le début de la grossesse.
Les changements hormonaux ainsi que la pression de l’utérus sur la vessie en sont les causes.
Selon les statistiques, durant la grossesse :
- L’envie d’uriner trop fréquemment atteint 59% des femmes au cours du 1er trimestre, tandis qu’il est de 61% durant le 2ème trimestre pour atteindre 81% en fin de grossesse.
- Au cours du 3ème trimestre, 66% des femmes enceintes se lèvent pour aller aux toilettes
Heureusement, la pollakiurie cesse instantanément après l’accouchement.
Évolution et risques de complications de la pollakiurie
Afin d’établir le bon diagnostic sur la pollakiurie et éviter que la maladie ne progresse, il est nécessaire d’en comprendre la cause. Par ailleurs, si elle n’est pas traitée rapidement, cette maladie peut s’accompagner d’autres symptômes et causer des complications graves.
Ainsi, si l’augmentation de la fréquence des mictions est accompagnée par ces signes, il est impératif d’appeler un médecin pour une consultation :
- La couleur de votre urine vire au brun foncé ou au rouge
- Vous remarquez la présence de sang dans votre urine
- Vous avez du mal à vider votre vessie ou à uriner
- Vous ressentez de la douleur à chaque miction, au niveau de l’aine ou au bas-ventre
- Vous commencez à avoir de la fièvre
- Vous perdez le contrôle de votre vessie
Diagnostic et traitement nécessaires de la pollakiurie
Afin d’établir le bon diagnostic de la pollakiurie, il est aussi impératif d’établir un bilan des mictions sur une durée de 24 heures, pendant au moins 3 jours successifs. Parmi les critères à prendre en compte, vous devez prélever :
- La plage horaire des mictions, notamment celles nocturnes
- Le pourquoi des mictions (précaution avant une sortie ? Besoin urgent ?…)
- Le volume et la fréquence
- La quantité des urines en 24 heures et la quantité de liquides absorbée durant cette même période
Par ailleurs, une consultation médicale est de mise lorsque les mictions sont anormales sur les 3 jours successifs, mais que la quantité de liquide que vous avez bue est normale. Le médecin pourra alors déterminer la cause du trouble.
Quels sont les examens à réaliser ?
Afin de déterminer l’origine de la pollakiurie, le médecin devra s’appuyer sur les caractéristiques des mictions, ainsi que sur certains examens supplémentaires, selon le profil du patient.
Parmi ces examens, on compte :
- Le test avec la bandelette urinaire : afin de rechercher des nitrites, des globules rouges et/ou blancs, du sucre et des protéines ;
- Un examen cytobactériologique des Urines: qui mettra en exergue un agent pathogène, qui est responsable d’une infection urinaire ;
- Une échographie : notamment de l’abdomen et de la région pelvienne ;
- Une débimétrie : qui permettra de déterminer la quantité des urinaires, ainsi que sa vitesse d’émission et la puissance de son jet ;
- Une cystoscopie : qui consiste à exploser l’intérieur de la vessie, par le biais d’un tube souple avec une caméra dans l’urètre.
Un bilan urodynamique complet peut être nécessaire pour compléter ces analyses, durant lequel on effectue :
- Une profilomètrie urétrale qui mesure les pressions dans l’urètre
- Une cystomanométrie qui enregistre la pression dans la vessie encore vide, et en cours de remplissage
- Une électromyographie qui est l’étude de l’activité du sphincter de l’urètre
Traiter la pollakiurie selon son origine
Le traitement de la pollakiurie peut se faire simplement, sans avoir recours à un avis médical.
Vous pouvez :
- Diminuer votre consommation de boissons à effet diurétique comme le café, le thé ou l’alcool
- Espacer la consommation de boissons dans la journée
- Réduire les apports hydriques en fin de journée
Les traitements spécifiques
Dans la plupart des cas, un traitement spécifique de la pollakiurie est nécessaire, notamment :
- Le traitement d’une infection de l’appareil génital ou urinaire
- Le traitement par voie de chirurgie d’un adénome de la prostate
- La prise en charge des calculs rénaux
Les traitements par mesures hygiénodiététiques
Les mesures hygiénodiététiques permettent grandement de réduire, voire dissoudre complètement la pollakiurie.
Dans de rares cas, la pollakiurie demande des suivis thérapeutiques particuliers :
- La rééducation du périnée et du sphincter
- Une thérapie dite comportementale pour traiter la pollakiurie psychogène
- Un traitement par médicaments
- Des injections de toxine botulique dans le détrusor
Le recours à la chirurgie de pollakiurie est très exceptionnel. Il n’est préconisé que suite à plusieurs échecs d’autres traitements.
Si une opération est vraiment nécessaire il existe deux techniques pour réduire au mieux la pollakiurie :
- L’implantation d’un pace maker vésical, qui contribuera à la régularisation de l’activité vésicale
- L’entérocystoplastie d’agrandissement pour augmenter le volume de la vessie
Les mesures de prévention contre la pollakiurie
Concrètement, il n’existe pas de mesures de prévention proprement dites à la pollakiurie. Par contre, comme ces causes sont nombreuses, il est possible de prévenir les pathologies qui en sont à l’origine. Par exemple, les calculs rénaux peuvent être prévenus par une bonne hydratation. De même, les exercices du périnée contribuent au maintien d’une bonne musculature vésicale et de l’urètre.